1968-2018 : Dahinden, 50 ans de passion de l'image
Bernard Dahinden, cofondateur du laboratoire avec son frère Paul, à qui nous pensons avec émotion, revient sur la genèse de cette aventure qui se poursuit aujourd’hui avec la même passion et exigence par le groupe Afluens.
« Pourquoi Dahinden peut fêter ses 50 ans d’activité ?
C’est avant tout le résultat d’une équipe motivée et efficace, formée à être à l’écoute des besoins du client. Et pas n’importe quels clients : les plus prestigieux, les plus exigeants, des partenaires pour satisfaire ensemble notre goût du beau, pour qui nous nous devons toujours d’être à la pointe. Au niveau du matériel bien sûr, mais aussi en maintenant un niveau de compétence très élevé, et en faisant toujours passer le service avant tout. L’équipe s’est étoffée et a pu évoluer à l’écoute du marché car nous avons toujours gardé à l’esprit les valeurs indissociables de l’entreprise : la ponctualité, la rapidité, la fiabilité, l’exigence technique et artistique.
Lorsque nous avons débuté dans la photographie, avec mon frère Paul, à la fin des années 50, les moyens techniques étaient encore très limités : beaucoup de bricolages, pas de retouche, des pellicules couleurs limitées à 1 asa et dont les impressions étaient chères et peu répandues…et le flash électronique n’existait pas encore (il n’apparaitra qu’au milieu des années 60). Il n’y avait alors que deux agences de publicité à Paris.
On nous disait souvent alors que la photo « ce n’est pas un métier ». Pourtant, lorsque nous avons vu l’évolution du bromure vers la photo couleur, nous y avons vu un potentiel énorme. Quand nous avons fondé le laboratoire, en 1968, nos concurrents étaient les photograveurs et les imprimeurs, qui tenaient le marché, avec une qualité que nous trouvions médiocre.
Nous avons commencé avec un seul agrandisseur, dans un local de 16m2, rue française. Anecdote amusante : notre première secrétaire a ainsi dû s’adapter au fait de devoir travailler dans une pièce régulièrement plongée dans le noir !
Notre ambition était d’apporter un regard neuf, et de proposer des délais de production beaucoup plus rapides que nos concurrents. Au début des années 70 les délais de fabrication étaient incroyablement longs dans la profession, parfois une semaine pour faire un tirage ! Je me souviens avoir reçu une commande d’un tirage grand format en noir et blanc d’une diapo couleur d’une vue aérienne. « Pourquoi ne pas le faire en couleur ? » avais-je proposé au client. « Oui, mais cela est urgent, et impossible en deux jours », m’avait-il répondu. Nous avons relevé le défi, et réalisé le tirage en couleur et dans le délai.
Nous avons très vite mis en place un système de coursiers, pour pouvoir livrer les commandes en un temps record. Un de nos premiers clients a été le constructeur automobile Renault. Un peu plus tard, le journal le Figaro réalisa ses maquettes avec notre équipe, et un service de nuit fût instauré afin de pouvoir répondre aux demandes à toute heure.
Nous avions également fait venir de Suisse un produit qui a connu un grand succès : le CIBACHROME. Très compliqué à réaliser et très long à élaborer pour honorer le délai du client (notre équipe technique y a passé des nuits entières), mais de très haute qualité et d’une durée de vie de plusieurs années, les résultats obtenus avec ce support étaient inédits, sensationnels.
Fidèle à l’idée de Sacha Guitry selon laquelle « être riche, ce n’est pas avoir de l’argent : c’est en dépenser », nous réinvestissions nos bénéfices afin de renouveler régulièrement notre matériel. Au milieu des années 1980, nous avons ainsi été les pionniers du numérique, que l’on appelait alors CFAO (conception et fabrication assistées par ordinateur).
Nous avons investi 35 millions de francs en 5 ans pour nous équiper d’ordinateurs et d’équipements de pointe. Nos concurrents ne comprenaient pas cette démarche, et spéculaient sur une chute. C’est là que Jean-Paul Goude est arrivé. Avec ses images, nous avons pu faire la démonstration que cet investissement était judicieux.
Nous avons eu la chance de travailler avec de nombreux autres photographes prestigieux, je pense par exemple à Peter Knapp, Francis Giacobetti, Uwe Ommer, ou encore Stéphane Sednaoui, Franck Dieleman, Marc Garanger…
Nous avons trouvé à cette époque des machines comme la Hell-Siemens CPR 403, la quantel (puis la Shima Seiki), parfois à l’état de prototypes, que nous avons détournées de leurs usages premiers, dans le but de rendre l’image reproduite la plus fine et qualitative possible, et de pouvoir la retoucher numériquement. Une technique qui a immédiatement suscité l’intérêt de la maison Dior.
Quelques années plus tard, j’ai pris ma retraite, l’esprit serein, car je savais que l’équipe en place était solide, expérimentée, et qu’elle saurait préserver le savoir-faire et l’avance technologique qui ont fait notre réputation.
Je vous félicite tous pour avoir voulu ensemble continuer le travail commencé en 1968. Après 50 ans la pyramide DAHINDEN est toujours là, aussi solide grâce à ses bonnes fondations. Si vous continuez à suivre cette consigne simple : « Le CLIENT est notre MAÎTRE à tous », vous pourriez envisager de faire perdurer encore de longues années l’histoire de cette entreprise.
Votre ex-entraineur qui vous soutiendra toujours en pensées,
BERNARD DAHINDEN »